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Quel éditeur pour TeX ?

mercredi 28 décembre 2022, par Philippe MICHEL

Le choix cornélien du débutant. J’ai moi-même beaucoup navigué et je vous livre ici le résultat de réflexions très personnelles.

Deux approches

Selon l’usage que vous avez d’un logiciel (ou de n’importe quel outil) vous avez deux possibilités (ceux qui vous disent que leur création combine les deux sont forcément des menteurs) :

  • Vous utiliserez le logiciel rarement et voulez donc quelque chose d’immédiatement opérationnel (typiquement vous devez rendre votre thèse pour demain matin).
  • Vous utiliserez l’outil tous les jours et êtes donc prêt à passer du temps à domestiquer la bête si ça vous apporte un meilleur rendement.

Souvent on commence par la première catégorie puis on passe à la seconde. Tous ont le minimum légal : la coloration syntaxique, l’affichage des numéros de ligne, des complétions automatiques etc.

D’autres avis : Quelques éditeurs ou sur GUtenberg par des gens plus impartiaux que moi.

Éditeurs faciles d’abord

Il en existe plusieurs.

***TeXstudio

À ce jour je vous conseillerai TeXstudio simple d’emploi, complet. Un grand nombre d’aides sont disponibles pour saisir par exemple les symboles mathématiques. Une aide peut s’afficher sur chaque fonction appelée. Il gère les documents multiples, les bibliographies ou les index. Il est disponible sur toutes les plates-formes usuelles. La synchronisation de la source et du PDF fonctionne parfaitement ce qui est bien pratique (en cliquant sur la source, le PDF se place de manière à afficher le même emplacement et vice-versa). Les erreurs de compilation sont affichées non seulement dans le .log mais aussi dans un tableau avec la ligne en cause. De plus deux icônes permettent d’aller à l’erreur suivante ou précédente. On peut ne compiler qu’un petit bout de code voire afficher le résultat dans le code ce que je trouve très incommode mais pourquoi pas. [**knitr*] est très bien géré avec une compilation et affichage en un clic. Mais vous devrez saisir le code [**R*] à la main sans aucune aide (ou le copier depuis un éditeur [**R*]). Je vous conseillerai plutôt d’écrire votre [**.rnw*] dans Rstudio car c’est souvent le code [**R*] le plus complexe, de générer le [**.tex*] et de ne le travailler si nécessaire dans TeXStudio qu’au final, juste avant l’édition finale. Par contre, pour s’en servir au mieux, il faut mémoriser des raccourcis claviers comme dans le premier Emacs venu. Et beaucoup de raccourcis utiles (itemize par exemple) ne sont pas définis par défaut, il y a donc du travail de configuration.

***Autres

TeXworks (toutes plates-formes) est un dérivé de TeXshop (MacOS). Il ressemble beaucoup à TeXstudio. TeXWorks est installé par défaut sous Windows dans le distributions TeXlive et MikTeX, et dans MacTeX pour MacOS. -* Gedit(sur Gnome) et Kate (sur KDE) ont un mode TeX assez bien fait. je les trouve un peu limités mais certains s’en servent au quotidien.

***Gummi

Un cas à part : gummi. La partie édition est (à première vue, je ne l’ai pas testé assez longtemps) simpliste voire insuffisante mais la pré-visualisation en direct est bluffante : vous tapez du code, le résultat s’affiche en face. Pour les tableaux, les figures avec tikz etc. c’est extraordinaire. Je ne croyais pas que c’était possible.

Éditeurs pour les barbus

Deux choix possibles : Emacs et Vim. Les deux sont très performants et efficaces. Je ne parlerai pas plus de Vim ici car je le connais très mal. Évitons le troll ! Emacs (avec l’extension AucTeX), une fois qu’on a un peu maîtrisé la bête, est remarquablement rentable, tous les ordres LaTeX se saisissent par des raccourcis claviers, on peut compiler juste un petit bout de code pour le tester (un frame dans Beamer qui est très lent à compiler par exemple) et on profite de toute la puissance de l’éditeur pour définir ses propres raccourcis claviers : écrire
\includegraphics[width=\linewidth]{} en quatre touches ! Les biblio ou index sont compilés de même. Bien entendu les gestionnaires de version sont gérés (Git ou SVN) même si, personnellement, je préfère passer par le terminal. Cerise sur le gâteau, on peut l’utiliser pour [*R*] et passer de l’un à l’autre en permanence ce que je fais tous les jours. Voire pour tout langage à votre choix (j’ai beaucoup écrit d’[*html*] ou de [*PHP*] ces derniers mois, toujours avec Emacs). Les fichiers [**.rnw*] de [*knitr*] sont édités comme des pages \LaTeX avec une compilation rapide en une combinaison de touches.
Sur MacOS il existe Aquamacs qui est un faux (j’ai jamais compris pourquoi un faux mais il parait que si) Emacs très performant et très bien intégré au système (les copier-coller se font comme d’habitude, les fenêtres d’ouverture de fichier sont celles du système etc.). Il intègre d’origine AucTeX. Sur Windows, l’installation d’Emacs & sa maintenance sont parfois ardus. Un bon tuto.

Les IDE

J’avais essayé plusieurs IDE classiques (Eclipse par ex.), même avec les plugins dédiés je ’avais pas été convaincu. mais ces logiciels sont complexes à maîtriser & j’ai du rater nombre de fonctions utiles. Donc si vous les utilisez tous les jours pour écrire du JAVA pourquoi pas, garder ses habitudes c’est confortable.

Récemment j’ai utilisé Visual Studio Code. Avec l’extension LaTeX Workshop l’ensemble est agréable à utiliser, rapide. L’autocomplétion est remarquablement efficace. La compilation se fait bien avec une liste des erreurs facile à utiliser. La configuration est un peu ardue surtout pour faire du RMarkdown ou du Quarto, le mélange des langages est possible, agréable mais après une phase de mise e place complexe.

RStudio

Et oui ! Rstudio bien que dédié à pondre de la ligne de R permet d’éditer du LaTeX. Bon, d’accord c’est minimaliste (la coloration syntaxique est là mais aucune aide à la saisie) mais ça rend bien service pour corriger rapidement un document créer via [*Rmarkdown*].

En résumé

À relire ce qui précède, je donne l’impression que TeXStudio et Emacs (pour ne parler que d’eux) ont les mêmes fonctions ce qui, grosso-modo doit être vrai. C’est l’approche qui est complètement différente. Ouvrez les deux logiciels : d’un coté un espace vide, de l’autre des icônes, des menus etc. L’intérêt des éditeurs purs type Emacs est de pouvoir les configurer assez facilement à votre main. j’en reviens à ce que disais dans l’introduction : est-ce que l’effort en vaut le coup pour votre activité ? Mais parmi les gens que je connais qui écrire du LaTeX tous les jours, on trouve des utilisateurs de tous les éditeurs que je viens de citer comme quoi il n’y a pas de réponse universelle. À part, Gummi. Je le recommande aux débutants : la pré-visualisation en direct permet de comprendre très vite ce qu’on fait. Et Lyx ? Mes quelques essais, il y a fort longtemps ont été des échecs : La tentative de pseudo WYSIWYG incomplète qui nécessite de mettre les doigts dans le code dés que ça se complique ne m’a pas convaincu.

Pour finir & être franc écrire du LaTeX est le seul cas où j’utilise quasiment tout le temps Emacs.